MONA
MONA
Heureusement, comme dans les contes de fées, le hasard fait bien les choses. En participant à des séminaires d’écriture, Mona brille par son chant et ses textes en anglais. Des producteurs lui proposent alors d’écrire des chansons pour Rihanna. Une expérience enrichissante, qui lui permet, suite à un long travail collaboratif en studio, de se consacrer enfin à son corpus solo. Ainsi naît Yesterday, son titre signature, tout en « douce mélancolie », la première victoire d’une artiste allergique aux concessions. « La musique, c’est le seul langage universel au monde. Trop de production et d’arrangements peuvent la contaminer. J’aime travailler le son, mais je refuse les filtres. » En témoignent des morceaux aussi puissants que Midnight Ride, une chevauchée sauvage que n’aurait pas décliné une Pat Benatar, où l’on fonce droit devant sans regarder en arrière. Ou encore Before : la narratrice évoque celui qui lui manque alors que c’est elle qui a choisi de s’en séparer !
Dans ses chansons, Mona parle d’elle. Ce courage lui vient d’avoir été élevée par une femme de caractère : « je n’ai pas eu le choix, il a fallu savoir me faire entendre : mes joies, mes peines, les autres… la vie. Plus qu’un
exutoire, la musique est une façon de m’exprimer. » D’où une pop parfois sophistiquée, mais jamais contrefaite ou empruntée. Dans cette mixture ethnique et éclectique, se croisent organique, synthétique, R’n’B et soul, des polyrythmies et des couleurs vives. Inspirée par l’architecture grecque, les films de Tarantino ou de Coppola, le rap d’Eminem comme le charisme rétro d’Amy Winehouse, Mona veut créer son propre son, à l’image d’une M.I.A, d’une Gwen Stefani ou d’une Nelly Furtado, période Timbaland.
Du groove, donc, du tempérament et une voix si maîtrisée qu’elle peut prendre au dépourvu. Mona n’a pas fini de nous surprendre.
Quatre lettres et une voix d’or suffisent pour faire les présentations. Celle de Mona, jeune femme anglophone aux multiples origines, grecques, nord–africaines, espagnoles, dont le sens de la pop est si affirmé qu’il emporte dès la première écoute.
Pourtant, rien ne prédestinait Mona à une carrière de musicienne. Élevée par une mère mélomane et indépendante, elle a grandi avec son frère dans un environnement familial chaleureux mais sans grands moyens financiers. Kate Bush, Tori Amos, Aretha Franklin, Blondie… Ces figures féminines fortes en tempérament bercent son enfance. Maria Callas, et son fameux air de la Wally, résonne également souvent entre les quatre murs du restaurant familial grec. « C’est la rock star de la musique classique ! » s’exclame Mona, qui sait de quoi elle parle. Très tôt, elle est confrontée à la structure et à la rigueur classique en étudiant le chant lyrique. Pas de piston, pas de moyens financiers : c’est sur audition qu’elle a été reçue.
Pendant une décennie, elle pratique chaque jour le chant lyrique, habitude qui ne l’a pas quittée : « Il me permet d’être la meilleure version de ce que je peux être. » Durant ces longues années formatrices, elle chante aux côtés d’orchestres philarmoniques dirigés par les plus grands. Bien que plongée dans Mendelssohn et Brahms, Mona est une rebelle qui aime la pop. Fraichement diplômée, « pour remplir sa part du contrat » avec sa mère, elle passe des castings et écrit ses propres chansons. Entre deux services où elle travaille comme serveuse, le restaurant familial devient tour à tour studio de répétition et cabine d’enregistrement. Elle fait ses armes sur des petites scènes, tape à toutes les portes auxquelles elle peut avoir accès : « La musique, c’est un business, et quand on ne connait personne, c’est beaucoup d’obstacles à surmonter. Une vraie bataille ! J’ai essuyé beaucoup de refus, vécu beaucoup de désillusions. Ce qui m’a forgée aussi. Car je suis très déterminée, et j’ai toujours su que j’arriverais à faire ce que je voulais… sans savoir comment ! »
Crédits photo : © India Lange
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