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Marc Lavoine

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Adulte jamais

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Le train

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MARC LAVOINE

Nouvel album « Adulte Jamais » 

Adulte jamais est le quatorzième album de Marc Lavoine, si l’on compte Les Souliers rouges, un conte musical créé en 2016 avec Arthur H et Cœur de Pirate. « J’y tiens, parce que toute création est une aventure humaine et collective, une somme de hasards ». Hybride et élégant, Adulte jamais doit beaucoup à la scène, lieu de croisements intenses, qui fut celui de la rencontre avec Darko (David Faisques), guitariste emprunté à Julien Doré, et aujourd’hui compositeur de huit des douze chansons qui bâtissent l’album. Pour les quatre restants, l’auteur, Marc Lavoine a fait appel à Johan Czerneski, fondateur du groupe rock A24-13.

« Quand, récemment, j’ai travaillé avec Krisy [rappeur belge proche de Damso], j’ai senti un nouveau souffle, tout comme quand, auparavant, j’ai joué au théâtre par exemple dans Le Poisson Belge de Léonore Confino, ou au cinéma pour Claude Chabrol ou Tony Gatliff,. Tous ceux-là savent être intemporels. Et avec chacun, j’ai gagné en liberté, en avançant dans le courage d’être soi ».

Premier single de cet album charpenté à la pop music, Le Train (Lavoine/Czerneski) donne le ton, celui de la vie « qui, quand elle veut ressemble à Dieu », fil fragile qui peut rompre à tout instant. A ce propos, Marc Lavoine s’en réfère à Socrate : « Savoir vivre est-il autre chose que savoir mourir ? ». Et lui, d’apparence si légère, plaide pour la densité nourricière des arts et des sentiments, attisés au présent.

« Passe le temps, et de temps en temps/c’est le temps perdu qui prends le dessus ». Ce temps perdu, ce goût des vanités et de l’essentiel nous ramène à l’enfance.  Ainsi, Marc Lavoine apparaît-il sur la pochette en mode adolescent, photo familiale signée par son grand frère Francis Lavoine sans retouches, cheveux mi-longs, regard perdu. 

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Gaëtan Roussel

Marc Lavoine, ce banlieusard romantique

Fils de parents politiquement très engagés, Marc Lavoine n’a cessé de réaffirmer sa qualité de « banlieusard », ayant découvert la Guerre d’Algérie, les Surréalistes avec son père, et Musset avec sa mère. « Mon père, militant cégétiste et communiste, m’a appris à ne pas enlever la mémoire des mots et à ne pas accepter les petits arrangements, qui nous transforment en morts-vivants ».

Il nous faudra donc vivre les amours tumultueuses, celles qui vibrent et se cassent, puisque « comme disait Léo Ferré, « le bonheur c’est du chagrin qui se repose ». Au final, le cœur subit des accros, il est rapiécé.

« Mais il marche encore … lorsqu’il repose sur ton corps », écrit Marc Lavoine dans Cœur d’occasion, chanson déroulée sur un tapis de rythmes et de saynètes, une sorte de road-movie sensuel « sans ceinture de sécurité ».

Bien sûr, puisque nous sommes en territoire Lavoine, le thème amoureux émerge en toute cohérence dans plusieurs chansons d’Adulte Jamais (Le Train, Cœur d’occasion, Le Long de toi, Jusqu’à ce que l’amour nous sépare, chanté avec Virginie Ledoyen, L’amour iceberg, écrit avec Line Papin). Marc Lavoine sait jouer sur les cassures, les glissades, celles de la voix, grave, en contraste avec les vents d’Ouessant et les sables inconstants de l’amour, au mouvement perpétuel dans cet « avant bout du monde, où les vagues retombent en nuages blancs », où Marc Lavoine nous donne rendez-vous (Les Nuages Blancs).

 

Des duos, il y en eut de magnifiques, avec Catherine Ringer, bien sûr, (Qu’est-ce que t’es belle) ou Véronique Sanson (Une nuit sur son épaule). Il y eut aussi des compagnonnages, tout aussi intenses, avec Daniel Darc par exemple. On se rappelle Ne m’en veux pas de t’en vouloir (Daniel Darc/Frédéric Lô), repris en 2005 par Marc Lavoine. Pour le poète « au cœur fragile », mort en 2013, il a aujourd’hui écrit Rose bonbon : « Rose était le bonbon/Le taxi était une fille/Il cherchait le garçon/Dans la ville ».

Adulte jamais dénonce les fausses certitudes du monde des grands, il examine aussi la légèreté et la peine. Au registre du chagrin, nous avons Dunkerque, qui clôt l’album, une philosophie du solidaire : « Les gens qui pleurent se ressemblent/quand la vie les désarme/ils restent ensemble », à Dunkerque, ou ailleurs chante la voix grave et sensuelle de Marc Lavoine – tapis de violons, de rythmes électros et frêles notes de piano « parce que le son doit rester en cohérence avec le sens, sinon, on embourgeoise la chanson ».

« Quand j’étais enfant, confesse Marc Lavoine, je me sentais mal dans mon corps. J’aurais voulu être un chat ».

Adulte Jamais comporte donc cette part de liberté, d’admiration pour les nuages qui passent, les couleurs, les lieux magiques, d’Ouessant à Manhattan, et ces formes si élégantes, si en apesanteur, d’une joueuse de Badminton, « polo, jupe, serre-tête », « mais quand ça se détend, ça frappe dans le volant », transmission d’un héritage paternel, qui aimait ce sport, sur fond de bossa électro. Tout aussi libre et aérien, voici Manhattan enveloppe la Big Apple dans un cocon qui a « un goût de Guggenheim », ce musée si fécond qui séduit le peintre et l’amateur de peinture, avec ses accords de guitare perlés qui suffisent à compenser, comme le dit Marc Lavoine « le dérèglement du calme » généré par « les villes horizontales ».

« Si je devais dédier cet album à quelqu’un, ce serait à Satoshi Saïkusa », le photographe japonais mort en 2021, qui l’avait portraitisé en homme déterminé, « vivant » pour la pochette de Je reviens à toi en 2018, et qui appartient à « son petit Panthéon personnel comme disait Simone Signoret », où se croisent William Sheller, le peintre Mark Rothko, « et puis Chabrol, Ringer, Vian, Joaquim Phoenix », et tous ceux qui l’ont construit en dehors des sentiers battus.

Crédits photo : © Laurent Humbert

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